Retour…

Bonjour à tous,

Premièrement je m’excuse de cette longue absence. La vie est tout sauf un long fleuve tranquille.

Me voilà de retour, je vais essayer de finir toutes les histoires que j’avais commencées. En espérant que vous y reviendrez, si ça ne devait pas être le cas je vous comprendrai.

Allez au travail.

Teed Jaan

Ayez! Je suis édité!!!

Chères lectrices et chers lecteurs j’ai l’immense joie de vous annoncer que je suis publié.

Comme je vous l’annonçais, quelques mois auparavant, Edilivre avait retenu ma nouvelle, L’Esprit-songe.

Elle est désormais disponible sur le site de l’éditeur : http://www.edilivre.com/librairie/l-esprit-songe-20b08e6538.html#.U89tlbGK5u0.

J’espère qu’elle vous plaira. A bientôt…

 

Amicalement

L’étrange royaume de Rouen – 9 –

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Place saint-Maclou, sur les marches de l’église attendaient sept étranges personnages.

– Ce sont les Légendes ! dit la première voix

– Oui, continua une deuxième

– Tu parles de Légendes, conclut avec sarcasme une troisième

Trois femmes et quatre hommes constituaient les Légendes. Celle qui frappait de suite était une rouquine dont la beauté coupait le souffle. Elle était parfaite ! Quant aux deux autres, autre chose émanait d’elle. L’une, dont la chevelure noire corbeau et le teint mat annonçaient des origines orientales, dégageait une aura de mystère. Sans être belle, elle possédait un charisme indéniable. La dernière pétillait de joie de vivre, un sourire continuel fendait son visage. Les couleurs bigarrées qu’elle portait semblaient la marque d’une espièglerie bien consommée.

 

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Chez les hommes, deux sortaient du lot. Deux colosses, presque aussi grand que Madi, même si le géant les dominait encore d’une bonne marge. Par contre, en largeur, il perdait du terrain. Le plus costaud possédait un casque de moto avec le sigle des Chicago Bulls. Excepté son jean, il portait l’accoutrement complet du motard. Le deuxième gaillard était un Noir, noir d’ébène ! Sous sa peau, une puissante musculature noueuse impressionnait. Tête rasée, barbe hirsute, il leva des yeux intenses en direction de Madi.

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Les deux derniers, l’un blond et l’autre châtain, étaient beaux et jeunes. Ils attendaient patiemment la suite des évènements. Le blond portait des vêtements aussi bigarrés que l’espiègle. Le châtain, quant à lui, aurait pu être le meilleur ami du monde, la douceur de ses traits inspirait la confiance.

Quand Madi s’approcha, les Légendes se levèrent.

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– Je ne sais pas qui t’es, mais je sais que c’est toi que j’attends, commença celui qui portait un casque.

– Je suis le Prophète, se présenta Madi

– Le Prophète ? répéta, intrigué, l’homme casqué.

– Oui, et toi tu es le Minotaure, continua Madi

– Ecoute mon pote, je sais pas ce que tu racontes, mais moi c’est Alexandre.

– Alexandre le Minotaure, renchérit le Prophète.

– Non…

– Enlève ton casque alors !

Alexandre essaya. Cela dura plusieurs minutes, ce qui fit rire l’assistance. Mais rien à faire, il n’y parvint pas.

– C’est quoi ce… ?

– Alexandre laisse tomber, lui conseilla Madi. Qui es-tu ?

– Alexandre ! T’es sourd ?

– Oui, et à part ton nom ?

– Euh…

– Alors écoutez-moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis votre guide.

– Guide vers quoi ? demanda de façon agressive l’autre colosse.

– Calmez-vous ! intervint l’espiègle. Je l’aime bien notre guide.

– Merci la Fée !

– Morgane, je préfère.

– Ok, continua Madi profitant d’un apaisement des esprits. Comme je vous le dis, je ne sais pas… Enfin Bref. Je sais des choses. Je ne… Bon écoutez, nous sommes dans une réalité qui change. Comment dire ? il faut qu’on tue la Reine.

– La Reine ? C’est quoi ? intervint Morgane.

– Bah… Je ne sais pas, mais elle est en train de modifier la réalité pour la contrôler. Et pour ça elle utilise les médias.

– Ce n’est pas très clair tout ça, Monsieur le guide, dit le blond aux vêtements colorés.

– Pour essayer d’être plus simple, tenta Madi, elle provoque des événements, crée des émissions auxquelles adhèrent des milliers de gens. Plus les gens adhèrent, plus forte est son emprise et mieux elle peut modeler la réalité. Nous devons briser cette domination afin que les habitants de Rouen retrouvent leur libre arbitre. Comme nous-mêmes, d’ailleurs.

– Et c’est quoi le rapport avec nous ? demanda la beauté fatale.

– Nous sommes aujourd’hui les seuls à Rouen à échapper à son emprise. Nous sommes les Légendes, ces figures d’espoir qui appartiennent à la mémoire collective de l’Humanité. La Reine menace cette richesse, il nous appartient de redonner cela aux gens. Car le but de la Reine est d’effacer ce qui rend unique chaque individu, et de faire de tout le monde un seul et même individu. Fini la diversité, elle veut le conformisme universel.

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– En gros, tout le monde pense la même chose ! résuma la mystérieuse orientale.

– Et surtout que personne ne s’oppose à elle ! rajouta celui qui n’avait pas encore pris la parole.

– Un monde chiant, en somme ! dit Morgane

– Je crois que vous m’avez compris ! conclut Madi

– Et maintenant ? s’enquit le colosse d’ébène

– Savez-vous qui vous êtes ? demanda Madi

– Non ! répondit la montagne de muscle

– Tu es le Guerrier ! Et toi…

– Oui : la Fée ! plaisanta Morgane

– Non, toi derrière, en s’adressant à la mystérieuse orientale, tu es le Génie.

– Je suis donc Hayat le Djinn.

– Et moi ? demanda le blond

– Tu es le Troubadour. Et toi, tu es la Sirène, dit-il à la rouquine.

– Moi c’est Judas, j’espère…

– Tu es le Traitre ? le coupa Madi.

Pendant quelques secondes, il y eut un flottement dans l’air. Ils se tournèrent tous vers Juda.

– Ce n’est pas le plus simple des rôles que tu me donnes, cher Guide ! essaya de plaisanter le Traitre.

– Je ne suis malheureusement pas aux commandes. Comme vous, je subis.

– Comment on peut faire équipe avec quelqu’un dont on connait la traîtrise par avance ? demanda la Sirène.

– La trame est complexe et de nombreuses choses nous échappent, expliqua piteusement Madi.

– Désolé, mais je ne lui fais pas confiance ! dit le Guerrier.

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A vous de jouer…

1 – Les Légendes ne lui font pas confiance et décident de se débarrasser de Juda

2 – C’est Juda lui-même ne voulant pas que l’Histoire se répète qui décide d’abandonner les autres

3 – Après mûre réflexion, il est décidé que l’hypothétique trahison de Juda pourrait avoir son utilité

Kronos l’Immortel 2

Flash et Smaker s’habituaient à leurs nouveaux corps. Flash incarné dans le corps de Paul, le « black » s’harmonisait plus vite que Smaker dans celui d’Arthur, le « blond » légèrement moins sportif.

Les capsules se déployaient. Flash commença à se déshabiller et à revêtir une sorte de harnais de combat. En fouillant davantage le box, il tomba sur un carton. A l’intérieur, deux blousons de motard s’y trouvaient, ainsi que deux casques, deux paires de bottes et deux paires de mitaines. Flash activa une des options de la capsule : plusieurs milliers de mini-fourmis drones se dirigèrent vers sa découverte. Une transformation étonnante commença. Après un laps de temps très court, blousons, casques, bottes et mitaines possédaient un aspect beaucoup plus martial. Les petites fourmis y avaient injecté un maximum de technologie.

–          Tu fous quoi, Smaker ?, s’agaça Flash.

–          Arthur, enfin ce qu’il en reste, montre des réticences. Nerveusement la synchro n’est pas géniale. Mais si tu me laisses cinq minutes ça devrait le faire, répondit le frère en grimaçant et gesticulant involontairement

–          Il faut rejoindre Stella rapidement. Et nous, faut qu’on se tire d’ici. On a un quart d’heure avant d’être repérés.

–          Ok, je fais de mon mieux.

Après quelques minutes les deux frères s’employaient à s’apprêter le plus rapidement possible. Une fois prêts, ils se dirigèrent vers le box. Quand ils virent la Guzzi, un sourire fendit leur visage béat.

–        On ne va pas pouvoir…, commença Flash

–        Oh que si !

–        On n’a pas le temps.

–         Mais si ! Le temps qu’on va perdre ici, on va le gagner après, promis petit frère, conclut Smaker en rappelant son droit d’aînesse.

–         Tu fais chier, Smaker !

–         Je sais, mais c’est moi qui décide, dit-il en dansant et en sortant une petite boule de la taille d’une balle de tennis.

Smaker appuya sur un bouton, et la boule flotta dans les airs. Dans leur monde du futur on appelait cela une matrice de réalité. Un objet capable de modifier technologiquement une mécanique primaire. Un quart d’heure plus tard, si la Guzzi gardait toujours sa forme générale, sa motorisation avait changé, et elle avait un aspect plus futuriste.

–          Allez, on se casse ! dit Flash en enfourchant la bécane.

–          Hey, tu fais quoi ? Ok t’énerve pas ! ajouta-t-il quand son frère lui jeta un regard de tueur.

–          Pas mal la bécane, dit une troisième voix. Un truc de fou, même. C’est ça que vous cachiez ici ? Je pensais que vous étiez seulement deux pédés qui venaient s’emmancher ici en toute tranquillité.

Les jumeaux se retournèrent pour voir trois types. Celui qui parlait, un grand Noir dont le débardeur blanc mettait en valeur la musculature de salle. Les deux autres, métis, portant des casquettes sur le côté dans un style consommé de ghetto, souriaient bêtement. En fouillant dans la mémoire de leur hôte, Smaker et Flash surent que ni Arthur ni Paul ne connaissaient ce dealer. Ce dernier ne le cachait d’ailleurs pas : chaînes et bague en or.

–          C’est quoi votre style, les gars ? continua le chef

–          On ne veut pas vous faire du mal… on ne veut pas de problème ! bégaya Flash, provoquant l’hilarité des nouveaux arrivants.

–          Ah c’est gentil ça ! Vous allez pas nous faire de mal ! Ouf, j’étais en train de me chier d’ssus ! Hein les gars ? dit-il en dégainant un pistolet.

–          Pas croyable ! pesta Smaker. Faut toujours qu’il y ait un blaireau qui se la joue !

–          Qui tu traites de blaireau ? cria le dealer en pointant son arme vers les frères.

A ce moment la réalité se tordit. Les voyous regardèrent derrière eux.

–          Merde un transfert ! pesta Flash. Faut se barrer, et les tuer tous ! il commença à haute voix, mais, la fin de sa phrase, il ne fit que la penser. Mais son frère l’entendit.

Il démarra la moto. Quand le dealer et ses acolytes reportèrent leur attention sur eux, ils eurent juste le temps de se prendre une décharge électrique provenant des mitaines de Flash. Ils s’écroulèrent.

Le dealer et un de ses acolytes avaient pu être sauvés. Stella avait eu le temps de neutraliser l’arc d’énergie de Smaker. Mais devant l’onde de choc, non seulement elle n’avait pas pu en sauver un mais les deux autres tombèrent dans l’inconscience. Ce qui allait retarder la synchronisation.

Et surtout elle perdait l’un de ses hommes, qui allait se transférer dans un mort…

–        Transfert réussi !

–        On a perdu Thomas ! constata avec amertume Alexandre

–       Merci, j’avais pas remarqué ! ironisa Stella, dégoutée de se retrouver dans le corps d’un homme. J’ai fait ce que j’ai pu. Heureusement que j’ai retrouvé mes capacités psychiques juste avant le transfert. Sinon c’est nous tous qui étions perdu. Relativise ! Allez ! On se grouille, on trouve de la technologie et on entame la transformation ! Tiens, lui dit-elle en lui pointant le pistolet au sol, ça peut servir.

–          Il faut retrouver ces enfoirés et leur faire payer pour Thomas !

–          Reste concentré ! On a une mission, on n’est pas là pour se venger ! Nous sommes ici pour la gloire de Kronos.

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La Guzzi entra dans le parking à étages du centre commercial. Niveau deux. Des gens vaquaient à leurs courses. Samedi, la zone semblait bondée. Les deux frères descendirent de la moto. Ceux qui les remarquèrent, intrigués par leur accoutrement, les fixaient bien malgré eux.

Le rendez-vous avec Stella avait été fixé au rez-de-chaussée. Ils empruntèrent un ascenseur pour descendre. Celui-ci leur sembla d’une lenteur insupportable.

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Ils s’arrêtèrent au premier. Les jumeaux se dirigèrent vers une espèce de balcon qui surplombait le lieu du rendez-vous. Quand quelqu’un bouscula Smaker.

–          Eh ! Paul ! Waouh quel look ! Vous allez où ? demanda Vincent, un ami de Paul et Arthur.

–          Ecoute Vincent, commença Smaker, j’ai pas le temps. On se rappelle, on se fait une petite bouffe. Désolé mec !

–          Eh ! Les gars ? Vous êtes bizarres ? C’est quoi votre délire ?

–          Casse-toi ! hurla Flash

–          Flash, doucement ! commença Smaker. Et puis c’est vrai, casse-toi ! C’est violent comme ça, mais tu nous remercieras.

–          Ok ! dit Vincent qui commençait à s’éloigner.

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Arrivés au balcon, Smaker et Flash virent Stella. Elle faisait les cent pas.

–          Ce n’est pas normal. A moins qu’elle n’ait trouvé son parfait sosie six siècles plus tard, déclara Flash.

–          Ouep. Y a un souci. Je vais envoyer un petit copain de plus près.

Smaker s’accroupit et pianota sur une console virtuelle. De l’une de ses petites sacoches accrochées à son harnais, il sortit un œuf métallique qui se divisa en deux. Il récupéra une des moitiés, et l’autre prit rapidement la forme d’une petite araignée.

–        Va voir ce qu’il y a là-bas.

Et l’araignée de foncer vers Stella.

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–          Alors ? Demanda Flash.

–          Ce n’est pas Stella. C’est un hologramme, répondit Smaker

–          Ca veut dire…

–          … que Stella est morte.

–          On fait quoi ?

–          On se casse.

–          C’était notre amie, on n’essaye même pas de savoir. Scanne les environs. Cherche d’où provient la source de la projection

–          Eh monsieur-je-sais-tout, tu peux me laisses travailler un peu. Attends je vois un truc ! Enfoiré !

–          Quoi ?

–          C’est Jabbot !

Jabbot attendait depuis pas mal de temps. Et les deux frères ne venaient pas. Se doutaient-ils de quelque chose ?

Enfin un des frères approchait. Peut-être que lors du transfert, l’autre était mort. Il l’appelait de ses vœux. Jabbot était le soldat le plus redoutable de Kronos, mais dans ce passé ses capacités étaient réduites. De plus, malheureusement, il souffrait du mal du transfert : une sorte de mal du pays. Il se sentait instable et, pour Jabbot le Terrible, c’était un sentiment aussi inconnu que la peur. Affronter les jumeaux dans leur époque n’était déjà pas une mince affaire, mais dans cet âge de pierre…

Bref, il fallait se ressaisir.

Smaker ou Flash ? Il voyait un jeune Noir s’approcher. Il portait des vêtements autochtones armurés et connectés. Nanotechnologie dernière génération, se dit-il ! Ils avaient réussi à faire le transfert le plus difficile. C’est sûrement pour ça qu’un des frères y est resté !

A une dizaine de mètres, le jeune lança un objet à travers Stella ! Il sait que c’est un hologramme. Il faut agir !

Jabbot bondit de sa cachette. Pianota sa console. Et les jambes de Flash furent clouées au sol. Ce dernier pianotait fiévreusement sa console tandis que son ennemi s’approchait triomphalement de lui.

–        Tu ne pourras pas m’envoyer des petites amies Smaker !

–        Comment as-tu su que j’étais Smaker ?

–         Tu es plus frimeur que ton frère. Et je suis sûr que le choix de ton corps ne reflète que ton ego surdimensionné.

–          Ego surdimensionné ? Tu es mal placé pour me le reprocher.

–          Tu t’es choisi un athlète. Alors que moi, regarde ! J’ai pris le premier venu, car mon esprit est un esprit supérieur ! Le corps n’est rien, ainsi que l’apparence.

–          Et tu parles de mon égo surdimensionné !

–          Tu ne pianotes plus ?

–          Non, je suppose que tu as modifié la structure moléculaire tout autour de moi. Du coup, je ne peux modeler le métal liquide dont sont composées mes petites amies. Alors j’essaye d’être stoïque.

–          Sage décision. Tu sais que je ne suis pas quelqu’un de vraiment patient. Alors je te dis adieu.

–          Attends !

–          Quoi ?

–          Stella ? Que lui avez-vous fait ?

–          Je crois qu’elle n’a pas eu le temps de faire le transfert. Elle doit se faire torturer avant reconditionnement. Triste.

–          Tu entends ça ?

–          Quoi ?

–          Ce bourdonnement.

–          Tu essayes de gagner du temps.

–          Effectivement, et j’ai assez d’informations comme ça ! Pour Stella ! hurla Flash.

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Soudain un essaim de petites mouches métalliques discrètement posées sur les murs formèrent un cercle autour de Jabbot. Et Flash lâcha une décharge d’électricité blanche vers les petits drones qui l’amplifièrent. Jabbot avait eu le temps de préparer une défense, mais il fut quand même surpris. Il hurla quand son casque commença à fondre et que sa chair fusionna avec le métal. Malgré la douleur, il réussit à appuyer sur l’un de ses boutons virtuels. Une onde de choc balaya tout dans un périmètre de trente mètres. Flash fut projeté et alla percuter un mur.

Smaker rappela ses petites amies, embarqua son frère à demi inconscient, et ensemble ils prirent la tangente.

L’étrange royaume de Rouen – 8 –

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Sophie sortit de la salle d’interrogatoire. Elle se rendit immédiatement dans la pièce d’à côté où ses collègues et le psy ne manquaient rien de ce qui se passait avec Monier.

« Il faut trouver ce frère ! Il est peut-être en train de commettre un meurtre, au moment même où nous parlons. »

Les policiers s’activèrent…

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Une heure plus tard…

Le brigadier Sophie Hamel de nouveau fit face à Bertrand Monier.

 

« Nous avons retrouvé ton frère.

–          Pas possible ! s’exclama Monier

–            Pourquoi pas possible ?

–            Il est insaisissable !

–            Ecoute… on l’a trouvé. Quel véritable lien avais-tu avec ce frère ?

–            Nous avons les mêmes liens que tous les frères ont !

–            Tous les frères ?

–            Je comprends pas ce que tu racontes ?

–            Lui, te considérait-il comme ton frère ?

–            Bien sûr !

–            Vous aviez la même mère par exemple ?

–            Euh…

–            Je ne sais pas, est-ce que vous alliez à l’école ensemble ?

–            Bah… je ne sais plus.

–            Qui est l’ainé, par exemple ?

–            C’est… c’est moi, je crois !

–            C’est quoi sa date de naissance ?

–            Le… on ne fêtait pas les anniversaires chez nous !

–            Soit, il est comment ? Grand ? Petit ? Sympa ? Bref, tu vois ce que je veux dire ?

–            En quoi c’est important ?

–           Disons que c’est le genre d’information à connaître sur son frère. Sa date de naissance, si c’est notre petit ou grand frère. Petit, à quoi on jouait ? Si on était ou pas dans la même école. Enfin, les gens normaux savent ce genre de choses.

–            T’es en train de dire que je ne suis pas normal, c’est ça ?

–            Non, je suis en train de dire que t’es un taré ! C’est pas pareil !

–            Je crois que t’as plus rien à dire, c’est pour ça que tu m’insultes !

–            Non !

–            Alors… pourquoi ?

–            T’as pas de frère, espèce de malade ! hurla Sophie. La fraternité ce n’est pas comme ça que ça se conçoit.

–            Je ne comprends pas ! Je crois que c’est toi la tarée !

–            Je vais te buter, sale merde ! dit Sophie en contournant la table.

Ce fut à ce moment que Tran entra dans la salle. Connaissant son amie et collègue mieux que les autres, il perçut immédiatement qu’elle perdait pied.

Il s’interposa entre elle et Monier. Le visage, de ce dernier, traversé de tics trahissait sa rage. Il fulminait littéralement. Voyant l’inspecteur, la jeune femme revint à la raison, elle sortit de la salle.

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Tran s’assit face au psychopathe qui fixait haineusement la porte par laquelle lui échappait une victime dont il aurait répandu les tripes avec joie. Lorsqu’il se tourna enfin vers l’inspecteur, il essayait de maitriser les nombreux spasmes de jouissance que lui procuraient ses idées malsaines, réfrénant dans le même temps un sourire.

–            Inspecteur, que puis-je pour vous ? demanda-t-il, d’une voix étrangement autoritaire

–            Rien, malheureusement, monsieur Monier. Enfin, juste la vérité !

–            Oui, je n’aime pas parler aux hommes !

–            Je me doute, mais ça sera moi et personne d’autre, désormais.

–            Je veux le brigadier !

–            Je n’accèderai pas à votre requête. Ici, c’est moi le patron, et c’est moi qui donne les ordres ! Ok, monsieur Monier ? clarifia avec une sereine autorité Olivier Tran. Les choses s’étaient inversées. Alors, votre frère ? Quel est son vrai nom ?

–            Je ne sais pas ! Je ne le lui ai pas demandé.

–            Ok ! Tu l’as connu comment ? demanda Tran en se massant les tempes

–            Il était à la Providence.

–            Providence ?

–            Oui, l’école.

–            Comment t’as fait…

–            Je lui ai proposé d’organiser une fête chez moi. Et il voulait voir comment la maison était agencée. Je lui ai dit qu’il y avait une piscine. Et il a mordu à l’hameçon.

–            Tu l’as tué ce jour-là ?

–            Non, pas tout de suite. Je voulais pas le tuer. Je voulais qu’il devienne mon frère.

–            Ça a marché ?

–            Quand je lui ai accordé ma confiance il a essayé de fuir. Je ne supportais pas de le perdre. Pour le garder près de moi… il fallait que…

–            Pourquoi lui ?

–            Toutes les filles l’aimaient. Je me suis dit qu’avec un grand frère comme ça, elles m’aimeraient aussi.

–            Bertrand, ça ne marche pas comme ça.

–            Personne ne m’a rien expliqué inspecteur, répondit le gamin qui subsistait en lui. Personne. Je voulais juste plus être seul.

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Kronos l’Immortel – 1 –

Chroniques urbaines…

 

– 1 –

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Dans un box, à la périphérie de la ville, deux jeunes hommes travaillaient d’arrache-pied pour arriver au terme d’un projet qui leur tenait réellement à cœur. Une Guzzi V7 Stone ! Fans de mécanique, leur talent leur avait permis de retaper ce modèle dont ils étaient tombés amoureux. La Guzzi est une moto de prestige, confortable et élégante, mais aussi très fiable. Arthur et Paul, désormais détenteurs du permis, allaient pleinement profiter du bijou qui naissait entre leurs mains. Ils avaient hâte que ce projet aboutisse pour montrer à leurs proches ce secret qu’ils gardaient depuis maintenant deux ans. De plus, leur box se trouvait non loin du bois de la Blonde, surnom que tout le monde donnait à cette partie de la forêt où une fameuse prostituée blonde offrait ses services. Lieu peu rassurant de fait, ils ne seraient pas mécontents de quitter cette partie de la ville. En fait, de nombreux box servaient de caches pour des activités illégales.

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C’est alors que la réalité se tordit, que la terre trembla, et que de sinistres craquements se firent entendre. Les deux jeunes eurent la nausée. Dans le bois, il se passait quelque chose d’inhabituel. Les arbres se tordaient comme si un géant les écartait. Une fois remis de leur malaise, Arthur et Paul décidèrent d’aller voir ce qui se passait. Prudemment, ils s’approchèrent de ce qui semblait être l’origine de cette distorsion de la réalité. Deux arbres arrachés finissaient de se consumer au milieu d’un cercle de fougères calcinées. Les deux jeunes amis se regardèrent, intrigués.

 

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Un sifflement se fit. Arthur et Paul se tinrent la tête, terrassés par une douleur insupportable…

  – Transfert réussi !

– Pauvres gars, mais bon il en va de la survie de l’humanité !

– Pourquoi t’as pris le black ?

– On s’en fout ! Si tu le voulais je te le laissais.

– Ouais ! T’as raison, on s’en fout, on va crever de toute façon !

– C’est bien, après un transfert de six siècles je vois que ton pessimisme est toujours intact.

– Tiens, ça me fait penser. Nous sommes bien le samedi 5 juin 2021, 15h23.

– Parfait ! Magnifique. Ce qu’on peut faire avec une biographie. Quelle sacrée mémoire, Arthur. Notre saut est quasi parfait.

– Envoyons un message à notre futur, cher frère.

– Allons-y !

Quand Arthur et Paul reprirent conscience, ils ne se maitrisaient plus. Ils étaient les témoins extérieurs de la possession de leur corps par deux entités qui semblaient venir d’un lointain futur. Six siècles ! Ces deux esprits venaient d’un monde où régnait un être immortel et maléfique : Kronos.

Ils arrivaient du futur pour éliminer l’Immortel. Car c’est de cette réalité dans laquelle ils venaient de se matérialiser que leur ennemi était originaire. Et, dans celle-ci, celui qui se faisait appeler Kronos l’Immortel, était encore mortel.

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Ces deux entités étaient intrinsèquement proches, voire fusionnelles. Arthur et Paul comprirent qu’elles étaient jumelles, et plus encore. Durant ce qu’elles désignaient comme un saut, leurs esprits s’étaient mélangés. Et même si lors du transfert chaque partie de leur être reprenait sa place, une fusion irrémédiable s’était faite, et leur nature s’en trouvait à jamais changée.

Quand elles prirent entièrement contrôle de leurs corps, elles déployèrent une technologie étrangère. Arthur et Paul furent fascinés, mais très peu de temps, car leurs esprits s’estompaient. Ils disparaissaient à jamais.

 Ailleurs, la réalité se tordit, la terre trembla, et de sinistres craquements se firent entendre dans un petit parc.

Franck, ce beau samedi, avait décidé d’aller au parc lire. Il fut projeté du banc et atterrit dans le buisson d’en face. Quand il voulut se relever, il fut terrassé par un sifflement. Le buisson s’anima et le retint au sol. Il sentit une entité s’emparer de son corps.

  – Transfert réussi !

Franck sut que l’entité défendait un maître immortel, terrorisé par la perte de son immortalité. Ses ennemis avaient trouvé le moyen de transférer leur esprit dans des corps du passé. L’entité qui le possédait devait trouver les jumeaux et les détruire ; car Smaker et Flash étaient ses plus redoutables ennemis. La première destruction dans cette réalité serait l’effacement de l’esprit de son hôte. Comprenant ce qui allait lui arrivait, Franck reprit momentanément possession de son corps et poussa un ultime hurlement.

Jabbot se synchronisa avec l’espace-temps…

Les gens autour de lui criaient et s’enfuyaient. Il n’en avait cure. En plus de leurs esprits, seule leur technologie pouvait voyager à travers le temps. Il déploya la petite capsule, de la taille d’une tête humaine. Elle contenait une bio-armure et un générateur. Une fois équipé, il pouvait faire un test, car ce qui semblait être les forces de l’ordre venait d’arriver dans le parc. Il vérifia son générateur : dix pour-cent ! Ça devrait suffire.

 Oeil droit_cyborg_rogné_postérisé

 

Quand la police arriva sur les lieux, un homme, maigrichon, à l’accoutrement étrange se tenait au milieu d’un buisson. Il portait une sorte de tunique rouge et noire miroitant qui lui arrivait à mi-cuisse et surtout une espèce de casque de la même couleur qui ne lui couvrait que la moitié de la tête, avec petite visière bleutée sur l’œil droit. Un jean, la seule chose de familier qu’il portait, rentrait dans des bottes du même matériau que le reste. Il pianotait une console virtuelle projetée par sa ceinture.

  – Rendez-vous ! lui intima-t-on

  – J’ai besoin d’une centrale de données ! répondit-il machinalement

– Une quoi ?

Sans répondre Jabbot se dirigea vers les quatre policiers. Ils firent feu ! Mais un mur invisible arrêta les balles, qui tombèrent au sol devant les tireurs éberlués. L’homme du futur pianota de nouveau sur sa console et les hommes retournèrent leurs armes contre eux.

Jabbot continua son chemin. Au passage il attrapa un homme qui avait eu l’imprudence d’être trop curieux. Il lui planta dans l’œil une longue aiguille reliée par un câble fin à sa ceinture. Il pianota encore. Il obtint enfin son information. Ils appelaient ça Internet !

Kronos l’Immortel

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Chers lecteurs et lectrices,

J’ai la joie de vous annoncer qu’un éditeur a décidé de publier une de mes nouvelles: L’esprit-songe.

Aussi je l’ai retirée du blog. A la place je vous propose une autre nouvelle: Kronos l’Immortel.

Cette nouvelle s’inscrit dans la Fantasy moderne, dans la droite lignée du magazine Weird Tales ou encore The Magazine of Fantasy and Science-Fiction.

J’attends la correction (mon correcteur est en vacances).

A bientôt Teed Jaan

L’étrange royaume de Rouen – 7

interogatoire

Le brigadier Hamel refoulait au plus profond d’elle-même son dégoût. Au fur et à mesure que Monier développait son horrible récit elle ressentait, tour à tour, de la pitié ou de la haine. La haine prédominait.

« Et après ? demanda Hamel, plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.

– Quelle heure est-il ? demanda le tueur

– 16h30, répondit l’agent en regardant sa montre.

– Bien, je continue…

– Oui !

– Ma première était une fille d’Amfreville. Elle se moquait tout le temps de mon bégaiement… »

Sophie se rendit compte qu’effectivement Monier n’avait pas bégayé une seule fois depuis le début de ses aveux.

« Et pourquoi ? Tu es bègue ?

– Ou.. Oui

– Et pourquoi tu ne bèguaies pas ?

– Pas quand je pense à ça ! Ou quand je tue ! Ou quand je lui parle.

– Qui lui ?

– Non personne !

– Il ment brigadier Hamel ! intervint le psy. Creusez !

– Qui lui ! Tu me mens !

– Pe… pe… pe… perso… nne !!!

– Tu nous prends pour qui ? Tu crois qu’on ne sait pas ! bluffa Hamel. Hein, pourquoi tu crois que je suis assise à rien faire en t’écoutant raconter des choses que je connais déjà !

– Vous foutez quoi ? hurla le psy

– Vou… vous… sa… sa… sav… savez rien !!!

– Alors pourquoi tu perds tes moyens ? Si je sais que dalle, revenons à nos moutons !

– Si tu sais, alors je n’ai plus rien à dire. Tu me fais perdre mon temps !

– On l’a perdu ! pesta le psy.

– Non j’en gagne, Monier, et tu le sais.

– Quelle heure est-il ?

– 16h45. Alors, cette première victime ?

– Que dalle, tu fais ta maligne ! Tu sais, non ?

Un silence de plusieurs minutes s’installa. Monier se tenait les épaules. Il avait l’air apeuré, fragile, à la dérive. Son regard se noyait dans le vague. Il fit presque pitié à Hamel. Mais quelque chose n’allait pas. Sa fragilité criait tellement face à la dureté dont il avait fait preuve quelques minutes auparavant.

Le brigadier le fixait, comme pour lire en lui. Enfin, en face, elle avait un être humain. Quelqu’un qui avait une forme d’empathie. Une empathie estropiée certes, des vestiges d’innocence. Elle pourrait peut-être s’aventurer dans les ruines psychologiques de Monier, dans le vain espoir de sauver cette âme damnée.

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« Bertrand ? tenta-t-elle, sur un ton presque maternel.

– Ne me parle pas comme ça, sale…, éructa-il. Mais il s’interrompit en voyant la terreur qu’il faisait naître sur le visage de la jeune femme. Le tueur se tenait debout.

– Brigadier… tenta le psy, mais Sophie venait d’arracher l’écouteur de son oreille.

– C’est quoi ça ? demanda Monier en pointant l’oreillette.

– De bonnes nouvelles, bluffa de nouveau Sophie.

– De bonnes nouvelles ?

– Oui je t’ai dit que ce que tu racontais ne m’intéressait pas. Depuis tout à l’heure je suis en contact avec des collègues. Et j’attendais des nouvelles. Et elles viennent d’arriver ! J’ai ce que je veux, Monier. Soit tu coopères soit… enfin tu vois.

– C’est quoi ton délire ?

– C’est qui lui ? Allez mets-toi à table, sinon je vais donner au juge d’instruction de quoi faire de toi une petite bouchée. T’as encore la balle dans ton camp. Mais pas longtemps, alors grouille. Sinon je me casse d’ici, et tu pourras t’apitoyer sur ton sort !

– J’ai menti !

– Comment ça, t’as menti ?

– Quelle heure est-il ?

– Tu me fais chier avec l’heure !

– Quelle heure est-il ?

– Ce n’est pas toi ?

– Pas moi quoi ? rugit-il, en s’asseyant

– Putain ! C’est qui lui ?

– Donne-moi l’heure ! ordonna-t-il. C’est à ce moment qu’elle remarqua qu’il avait une montre.

– Pourquoi tu me demandes l’heure, alors que t’as une montre ?

– Elle est cassée, grand-mère l’a cassée !

– Il va être 17h !

– C’est donc l’heure des Vêpres. Il se mit à genoux et se mit à prier.

– Tu fais quoi ?

– Dirigatur oratio mea sicut incensum in conspectu tuo elevatio manuum mearum sacrificium vespertinum[1]. Et pendant qu’il priait, le brigadier Hamel vit que la montre cassée indiquait 17h. »

Interloquée, elle le laissa finir.

« Désolé, je ne loupe jamais une prière. Où que je sois.

– C’est pour ça que vous me demandiez l’heure ?

– Oui, mais pas que ça.

– Pourquoi d’autre ?

– Pour prier pour lui.

– Lui qui bon sang?

– Mon frère…

A vous de choisir :

1 – Son jumeau maléfique

2 – Son frère fantomatique

3- Son frère virtuel (fantasmé, un peu comme Harry pour Dexter)

4 – Ou un complice qu’il considère comme un frère

[1] Que ma prière soit devant votre face comme l’encens, et l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir

L’étrange royaume de Rouen – 6

6

Bertrand Monier. L’identité d’un homme à l’esprit torturé que les fantasmes pervers avaient exclu de la race humaine. Les forces de police devaient, désormais, plonger dans les méandres de sa folie afin d’extraire de ses délires une explication  à livrer à la société.

Aucun membre de la police n’avait réellement envie de se confronter à l’horreur des aveux de ce monstre. Ce fut donc avec soulagement que la plupart des inspecteurs accueillirent la demande de Monier. Il ne parlerait qu’à la flic qui l’avait arrêté. Au brigadier Hamel ! Si celle-ci, dans un premier temps, avait pris cette condition avec dégoût, dans un deuxième temps elle s’était sentie investie d’une mission par rapport aux victimes. Une femme devait le vaincre ! Elle accepta.

On n’allait pas la laisser rentrer dans la tanière du monstre sans la préparer. Pendant deux longues heures elle eut un entretien avec un psychiatre. On lui mit une oreillette pour qu’elle reste en contact avec le psy.

Elle entra…

Bertrand Monier portait toujours sa combinaison verte municipale. Crasseux et puant. Voilà ce qu’il était. Le sourire qui naissait augmentait le dégoût de Sophie. Elle ne put réprimer un frisson. Ce qui plut à Monier.

–            Alors comme ça vous vouliez me parler ! commença le brigadier

–            Oui ! Je n’ai pas souvent l’occas’ de causer avec des filles !

–            Découpées, elles sont peut-être moins causantes ! provoqua-t-elle

–            Oui mais pendant elles hurlent ! dit-il en s’humectant les lèvres.

–            Et je parie que ça te fout la gaule !

–            Calmez-vous Mlle Hamel ! Il ne faut pas lui montrer que vous êtes en colère ! intervint le psy.

–            Vous, les flics, vous voulez mettre du cul partout ! observa Monier.

–            Ce n’est pas le cas ? demanda Sophie.

–            Non !

–            Alors pourquoi les avoir tuées !

–            Je le devais !

–            Ah bon ?

–            Oui, pour ma grand-mère.

–            Je ne vous suis pas.

–            On peut se tutoyer.

–            Si vous… tu veux ! hésita Sophie.

–            Je préfère !

–            C’est bien, il faut qu’il ait l’impression d’avoir le contrôle. Et un peu de familiarité lui permettra d’être en confiance, intervint de nouveau le psy.

–            Alors Bertrand, pourquoi tu as assassiné toutes ces femmes ?

–            C’est ma grand-mère…

–            Explique-moi…

Et Monier de commencer le triste récit de sa sombre genèse…

Voilà en bref son histoire…

« Tout a commencé quand ma mère est tombée enceinte de moi. Elle avait dix-sept ans, on l’appelait la chaude ! Il paraît qu’elle aimait ça !

Ma grand-mère, c’était une dingue de Dieu. Elle allait à l’église tous les jours. Alors, tu devines, sa fille enceinte avant le mariage c’était pas son délire. Ma mère aurait soi-disant vécu un enfer de neuf mois. Bien sûr, il était hors de question qu’elle avorte.

Je suis né et, pour ne pas être corrompu par l’être malfaisant qu’était ma mère, ma grand-mère décida de m’élever. Ma mère fut chassée de la maison. Et mon enfer commença.

Même au Moyen Age ils avaient plus de liberté que moi ! Elle m’inculqua les préceptes délirants de sa religion. Je devais apprendre par cœur la Bible comme le Julien Sorel de Stendhal. Elle me frappait lorsque je me trompais. Je faisais pénitence pour un oui ou un non. Elle m’expliquait, quand je tentais de me rebeller, que c’était ma mère. C’était sa faute me hurlait-elle ! Il fallait que je rachète les fautes impardonnables de ma mère. Qu’au lieu de profiter de la beauté que le seigneur lui avait donnée, elle l’avait gâchée en se donnant aux hommes.

 J’appris à détester ma mère, la beauté et ma grand-mère.

Je déteste les femmes, elles sont à l’origine de toutes mes souffrances.

Je vous hais !

Et moi vivant je vous torturerai comme vous m’avez torturé.

A dix ans je pris la décision que je tuerais ma grand-mère. A seize ans je l’ai tuée. Tu veux savoir comment ? Non. Je ne rentrerai pas dans les détails. C’est mon jardin secret. Je l’ai crucifiée ! Elle est morte comme son Jésus. Trois jours de calvaire.

J’étais épuisé.

 J’étais frustré, elle est morte trop vite !

 J’étais toujours en colère, et plus personne contre qui diriger ma colère. Alors je me suis dit : la catin doit mourir ! Je me suis renseigné, et j’ai retrouvé ma mère. Je l’ai kidnappée. Et je l’ai ramenée devant sa mère crucifiée. Non, je l’avais pas décrochée. Elle se décomposait, se momifiait sur sa croix.

Ah oui ! Je vous l’ai pas dit. La croix ? Je devais faire pénitence. Alors j’ai proposé à grand-mère de faire une grande croix. Elle a trouvé que c’était une très bonne idée. Si elle avait su mes intentions…

La catin me demanda qui c’était ? Ta mère j’ai répondu ! Elle se mit à pleurer, elle l’avait reconnue. C’était trop bon ! Je l’ai rassurée sur le fait qu’elle ne subirait pas le même sort. Je lui racontais ma vie. L’espoir futile que j’avais eu en pensant qu’elle allait venir me sortir de cet enfer. Que grand-mère mentait, qu’elle n’était pas une catin ! Mais grand-mère avait raison, c’était une catin. Elle m’a abandonné à une folle.

Elle se mit à genou, me suppliant de la laisser vivre pour ses autres enfants qu’elle avait eus ! Et moi donc ? Je lui retirai son joli manteau rouge. Avec douceur. Et je lui expliquai que je n’avais jamais eu le droit à de jolis contes. Toujours des apocalypses ! Des malédictions ! Des fléaux ! Dans mon conte à moi, la grand-mère ne s’en sortait pas et le petit chaperon rouge non plus ! Je l’ai violée en lui lacérant son beau visage ! C’est vrai qu’elle était belle ! Ainsi je bouclais la boucle. Je mettais fin à cette beauté qui fut la source de mon malheur. Plus jamais elle ne se donnera à un homme !

Mais j’étais toujours en colère.

1 – Monier fixe Hamel qui sort de la salle d’interrogatoire…

2 – Hamel pète les plombs !

3 – Monier continue son histoire tranquillement

4 – Ou vous voulez je vous trouve un rebondissement de mon cru ?